À Conakry, le graffiti colore la ville et change les mentalités
Longtemps perçu comme du vandalisme, le graffiti s’impose désormais comme un art à part entière.
À Conakry, une immense fresque murale attire tous les regards. Elle est signée Omar Diaw, graffeur sénégalais et membre du collectif Guinea Ghetto Graff.
Pour lui, les mentalités ont évolué : « Il y a dix ans, le graffiti était considéré comme du vandalisme. Aujourd’hui, il sert à créer des monuments emblématiques dans la capitale », explique-t-il.
Originaire du Sénégal, berceau de l’art urbain moderne en Afrique de l’Ouest, Diaw s’est installé en Guinée en 2018. Il découvre alors un pays où le graffiti est quasi inexistant. Pour le faire accepter, il choisit une approche douce : peindre pour sensibiliser. Sa première campagne visait à promouvoir les gestes barrières contre la COVID-19. Aujourd’hui, ses fresques monumentales éclipsent les camions bondés qui sillonnent les rues de Conakry.
Parmi les rares femmes du collectif, Mama Aissata « Mamiska » Camara espère voir davantage de femmes rejoindre ce mouvement : « On dit souvent que le graffiti est réservé aux hommes. J’aimerais que cela change, surtout ici, en Guinée. »
Dans une ville marquée par une urbanisation rapide, les couleurs de Diaw s’imposent peu à peu dans le paysage. Soutenu par le gouverneur de Conakry, l’artiste a carte blanche pour peindre où il le souhaite. Sa dernière œuvre, un portrait du général Mamadi Doumbouya, chef de la junte au pouvoir depuis 2021, suscite déjà la curiosité des passants.
« Ces peintures nous touchent vraiment, confie Ousmane Sylla, un jeune chauffeur. Elles nous rappellent notre histoire et les musiciens de notre enfance. Le graffiti change le visage de notre ville. Il est bon pour l’Afrique, pour la Guinée, pour tout le monde. »
Grâce à ces fresques colorées, Conakry retrouve peu à peu des murs qui racontent, inspirent et redonnent vie à la cité.